La tomate génétiquement modifiée sédative
- 30 avril 2021
- Luigi D’Andrea, Secrétaire exécutif de l’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique (ASGG)
Une nouvelle tomate génétiquement modifiée aux vertus relaxantes voir sédatives a été autorisée sans évaluation au Japon. 3000 jardiniers amateurs sont utilisés comme cobayes.
En janvier, la première tomate modifiée par CRISPR/Cas – un nouveau ciseau moléculaire qui permet de modifier plus facilement et rapidement l’ADN – a été autorisée pour la commercialisation au Japon. Elle contiendrait, selon les dires de l’entreprise Sanatech Seeds, cinq à six fois plus de GABA (acide γ-aminobutyrique) que les tomates disponibles dans le commerce. Chez les plantes, le GABA joue un rôle dans la reproduction et dans la réponse au stress et aux pathogènes. Chez l’homme, le GABA est un neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central. Il protège nos neurones d’une suractivation.
Les tomates à haute teneur en GABA sont présentées par leurs concepteurs comme un «alicament» – un aliment qui agit comme un médicament et qui nous fait du bien. Manger des tomates à haute teneur en GABA favoriserait la relaxation et abaisserait la tension. Mais qu’en est-il vraiment? Comme tous les produits «lifestyle», les preuves d’un effet sur la santé ne sont pas demandées avant la commercialisation.
Au Japon, les organismes produits à l’aide des nouvelles techniques de modification génétique sans subir l’insertion de gènes étrangers, mais uniquement la modification de leurs propres gènes, ne doivent pas être approuvés en tant qu’OGM; ils ne sont donc pas soumis à une évaluation approfondie des risques. Au lieu de cela, un échange entre l’entreprise et le ministère responsable a suffi, les autorités s’appuyant principalement sur les informations fournies par l’entreprise. Puisque le GABA est un neurotransmetteur, ne conviendrait-il pas d’étudier les effets potentiels de la consommation de cette tomate sur la santé?
L’entreprise souhaite donner des plants à plus de 3’000 jardiniers amateurs qui ont accepté de cultiver les tomates uniquement pour leur propre consommation et se sont engagés à ne pas transmettre les graines. Ceux-ci sont donc utilisés comme cobayes.
En Suisse, les questions liées à la régulation de ces nouvelles techniques doivent être discutées cette année dans le cadre de la prolongation du moratoire. La régulation selon le droit sur le génie génétique est essentielle pour garantir une évaluation des risques stricte.
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