Les salades bio du marché
- 11 octobre 2019
- Joël Vuagniaux, Association ResSources
Derrière son banc de marché bio, ce matin, une maraîchère à l’impeccable tablier aligne une série de salades qu’on dirait tout droit sorties d’un moule…
En empoignant une de ces merveilles de régularité brune et verte, je lui demande: «Mais à quelle variété avons-nous donc l’honneur ici?» Elle se penche vers moi et fait les présentations : «Une pommée brune, Monsieur»! Pommée oui, brune sans aucun doute… mais son petit nom ? Elle se répète : « Pommée brune, justement!» J’insiste: pommée brune c’est le «type», et la variété alors ? Elle me répond avec un sourire emprunté: «On prend les plants tout faits chez Plant’max… alors ça vient de leur catalogue».
Je prends donc ma brune sous le bras et règle les 2.50.- demandés. A table, la déception redoutée se confirme: pas de goût, une structure plastique et aucun sentiment de satiété. Une salade «hybride» et non pas une «variété». Adieu goût et nutriment! Pourquoi diable – même en bio – les hybrides sont-ils omniprésents?
Il y a pourtant des dizaines de variétés de salades aux saveurs riches, saines et croquantes dans nos collections de semences: Merveille des quatre saisons, Carmona, Grosse blonde paresseuse, Queue de truite… un peu de poésie et beaucoup de nutriments!
Le maraîchage est un dur métier; exigences du marché, de la grande distribution et des consommateurs parfois contradictoires. Mais nous préservons assidûment des variétés du patrimoine, goûteuses et nutritives, afin de nourrir la population sainement. Aligner des bocaux de semences dans des armoires de conservation n’aurait aucun sens si elles n’étaient pas utilisées pour le bien de tous. Alors, à bientôt chez votre maraîcher préféré… si vous les demandez!
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